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La vie quotidienne des internés espagnols

Malgré le service de santé géré par un médecin français aidé de médecins espagnols pris parmi les internés, les conditions de vie sont difficiles : manque d’hygiène, nourriture insuffisante, pénurie de vêtements, maladies (fièvre typhoïde et gastro-entérite), poux et gale furent le lot quotidien des internés. La vie du camp était rythmée par  des horaires fixes : hymne au drapeau tricolore, désignation du personnel de corvée, repas, lessive, visites au parloir et défilé les dimanches soirs. Punitions, châtiments corporels voire expulsion du territoire étaient réservés à ceux qui ne respectaient pas les règles. Le reste du temps les réfugiés trompaient l’ennui par le sport (matches de football, gymnastique…), la culture (cours de français, d’anglais, de mathématiques…) et les distractions (chorales, représentations de musique ou de danse). Les habitants d’Agde et des alentours qui voulaient montrer leur solidarité avec les internés leur faisaient passer au travers des barbelés des cigarettes, des vêtements ou  de la nourriture.

Dessin : Antonio Vasquez, Républicain interné au Camp d ‘Agde

 

Les internés juifs

Les premiers réfugiés juifs, en majorité d’origine belge arrivent à Agde en juin 1940. Certains se logent sur Agde et d’autres sont hébergés par des Agathois et les enfants sont scolarisés. La loi du 4 octobre du Gouvernement de Vichy ordonne aux préfets d’interner les juifs dans des camps ou de les assigner à résidence. Au Camp d’Agde les familles sont séparées : d’un côté, les hommes et les garçons à partir de 13 ans et, de l’autre, les femmes et les enfants en bas-âge. Les réfugiés se plaignent des baraquements infestés de rats, des toitures qui laissent passer la pluie, et du manque de nourriture. Les internés pouvaient sortir du camp et fréquenter le Centre Communautaire juif.  Le 26 août 1942, une grande rafle est organisée dans tout l’Hérault sur décision de l’Etat français en collaboration avec l’occupant allemand. Certains ont pu en réchapper grâce à l’aide d’habitants d’Agde qui ont été par la suite honorés « Justes parmi les nations ».

Photo : Réfugiés Juifs posant dans le Centre Communautaire Juif de la rue de la Poissonnerie

 

Les travailleurs indochinois

Dès le début de la guerre, 20 000 paysans sont réquisitionnés en Indochine pour remplacer dans les usines d’armement françaises les ouvriers mobilisés. Au moment de la débâcle  en juin 1940, le gouvernement de Vichy les affecte dans l’agriculture et ils se retrouvent parqués dans des camps. En septembre 1940, 3 300 Indochinois arrivent au Camp d’Agde. Vêtus d’un uniforme en drap épais, ils sont coiffés d’un béret et chaussés de tongs.  Ils participent à la vie locale en défilant avec leur clique lors des tournois de joutes, en disputant des matches de ping-pong et de football avec les équipes locales et, pour la fête du Têt (Nouvel an indochinois), ils organisent un défilé avec des lanternes et des dragons dans les rues d’Agde. Les Agathois prennent ces travailleurs en compassion, mais les viticulteurs n’apprécient pas leur goût prononcé pour les bourgeons de vigne qui met en péril leur récolte !! Les indochinois quittent le Camp d’Agde à l’arrivée des Allemands en novembre 1942 et partent pour Lodève, où ils sont affectés aux usines de drap.

Photo : la fête du Têt (nouvel an indochinois au Camp d’Agde)