Portrait : Jo Vilamosa, une mémoire vivante
Jo Vilamosa, passeur de mémoire
Membre fondateur du Comité Local d’Histoire et membre de l’AMCA, Jo Vilamosa a onze ans quand il fuit l’Espagne en février 1939 avec sa tante et son frère (sa mère est décédée et son père porté disparu). Partis de Barcelone en camion, c’est à pied, dans le froid et la neige, après avoir abandonné leurs bagages, qu’ils termineront les quelques kilomètres les séparant encore du poste frontière du Perthus. Noyé dans le flot de ces milliers de réfugiés, Jo Vilamosa attendra trois jours avant de réussir à contacter un oncle chez qui il trouvera refuge à Decazeville. Et c’est dans l’Aveyron que ce petit Catalan, exilé dans un pays inconnu, va grandir et devenir un modèle d’intégration : après avoir été garçon de ferme et employé aux charbonnages de Decazeville, il travaille chez un opticien auprès de qui il apprend le métier. Diplômé, il s’installe à Agde et ouvre le premier magasin d’optique-acoustique de la ville qu’il tiendra avec son épouse durant près de 30 ans. Amateur de musique, il a appris à jouer du saxophone, instrument qu’il maîtrise parfaitement, et a fait partie d’un orchestre.
Dans cette vie bien remplie et réussie, Jo Vilamosa n’a jamais oublié le petit Catalan perdu au milieu des réfugiés qu’il a été. En personne qui sait que sans mémoire l’homme est sans avenir, il dédie sa vie à la transmission de la mémoire de la guerre d’Espagne et de la Retirada. Grand collectionneur, il possède un nombre incalculable de documents, et il est incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à cette période. Que ce soit en France, en Espagne, ou ailleurs, il n’y a pas une exposition, un colloque, ou une publication sur ce thème sans qu’il soit sollicité. Malgré son âge, Jo reçoit tous ceux qui viennent le voir et intervient dans les colloques, manifestations ou réunions qui traitent de la Retirada ainsi que dans les établissements scolaires . Il raconte et montre, encore et encore ….inlassablement.