Gerardo Lizarraga, peintre et anarchiste
Gerardo Lizarraga Istúriz est né à Pampelune en 1905. Après avoir étudié en 1924-1925 avec Javier Ciga, il a intégré l’académie de San Fernando à Madrid, où il est l’élève de Cecilio Pla, Manuel Benedito et Romero de Torres. Il fait la connaissance de Salvador Dali et de Maruja Mayo. En 1927, son tableau « Ventisca », réalisé à Peñalara, est présenté et parrainé par le roi Alphonse XIII. Il obtient le titre de professeur le 15 juin 1928. Cette même année, la Diputación Foral de Navarra lui octroie une bourse pour étudier à Paris. Dans la capitale française, il est surpris par l’œuvre des cubistes.
En 1928, il épouse à Saint-Sébastien Remedios Varo y Uranga, qu’il a connue à San Fernando. ( Photo ci-contre : Lizarraga avec Remedios Varo). Le couple s’installe à Barcelone. Dans la cité catalane, il met à profit ses dispositions créatrices. C’est ainsi qu’il est le metteur en scène de l’opéra « Pedro Mari (canción de libertad) », jouée au Teatro del Liceo de Barcelone puis dans toute la Catalogne. Il fonde le Syndicat des dessinateurs professionnels de Barcelone et remporte des prix pour ses affiches. Le syndicat, affilié à l’Union Générale des Travailleurs, entame une période de propagande effrénée. Lizarraga fonde la compagnie de cinéma « Ediciones Anti-fascistas », dont il devient à la fois le directeur et le metteur en scène. Il participe à des expositions dans sa province natale. En 1932, le couple se sépare à Barcelone sans divorcer, peu avant le déclenchement de la guerre civile. Lorsque le conflit éclate, Lizarraga prend fait et cause pour les républicains.
La victoire de Franco l’oblige à se réfugier en France, il connaît alors les camps de concentration d’Argelès-sur-Mer et d’Agde, puis celui de Clermont-Ferrand. Grâce aux démarches entreprises par sa femme, il est libéré en 1941 et conduit à Marseille, où il expose à la galerie Paradis et à la salle Mirian Michelle. Il divorce de Remedios Varo. Il est nommé directeur artistique de l’Office international de publicité et édition. Il réalise des maquettes, des portraits et des présentations d’expositions pour l’Office de Propagande Allié et France Libre.
En 1942, il organise une exposition de ses œuvres à Monte-Carlo, puis il quitte la France pour s’installer au Mexique. Son œuvre y est reconnue et il y acquiert notoriété et reconnaissance, à tel point qu’il fonde en 1945 à Mexico le Cercle des Beaux-Arts, destiné à promouvoir la peinture. Il en devient le président.
Il se remarie avec une photographe, réfugiée espagnole, originaire de Tudela, Presentación Cruchaga Valdemoros. Elle lui donnera deux enfants, Amaya en 1947 et Xabier l’année suivante. Le couple divorcera en 1963. Dans les années 1970, il fait la connaissance de la femme de lettres Asunción Lazcorreta qui réalise une étude sur Remedios Varo, sa première épouse. Il se marie avec Asunción Lazcorreta, pour qu’elle acquière la nationalité mexicaine, mais ils divorceront dans les années 1980. Gerardo Lizarraga meurt le 3 août 1982 à Mexico.
Au Mexique, il a peint des fresques murales, des portraits et des paysages. Il a monté l’exposition-hommage au peintre Aurelio Arteta au Centre basque de Mexico.
Son œuvre est vaste et variée. On lui doit des huiles, des dessins, des gravures, des illustrations, des affiches publicitaires et artistiques, des scénographies. Ses réalisations sont souvent marquées par la tragédie vécue par l’artiste navarrais au travers de l’exil.
(Les œuvres ci-dessus et ci-contre témoignent de l’inspiration qu’il trouva au Mexique, mais aussi de la nostalgie de son pays qui ne le quitta jamais)
Lizarraga est considéré comme un des plus grands dessinateurs d’affiches. Des aquarelles des camps d’Argelès et d’Agde sont à signaler : baraques (extérieur et intérieur), portraits humoristiques de responsables du camp, portraits réalistes de réfugiés (1939-1940). Dans les dessins des camps, les scènes avec guillotine, barbelés, chaises électriques et caricatures des fonctionnaires responsables sont omniprésentes
(Dessins ci-dessous : « Angoisse », réalisé au camp d’Agde et « Le Cri », réalisé au Camp d’Argelès)
Nous vous donnons rendez-vous le mois prochain avec Guillen Bertonlin, artiste peintre, dessinateur et …militant anarchiste