Benito Panchamé i Busquets, il a côtoyé De Gaulle et Churchill
Lors du soulèvement contre la République Benito Panchamé (Corbera d’Èbre, 1922 – Barcelone, 2017) avait à peine 14 ans. Des amis et lui-même se sont portés volontaires, en trichant sur leur âge. Ils ont fait croire aux recruteurs qu’ils avaient 18 ans pour être admis. (ci-contre Benito Panchamé, soldat Républicain) Pendant 28 mois, ils se trouvèrent sur le front de l’Aragon, au 3e bataillon. Ils côtoyaient les anarchistes. C’est à Balaguer qu’ils durent se battre âprement, corps à corps. Le combat fut rude, à tel point que sur 160 soldats, peu survécurent. Benito a réussi à se sauver, grâce à sa jeunesse et à son agilité. N’ayant adhéré à aucun parti ni à aucun syndicat, il s’est uniquement engagé pour défendre la Catalogne. À la fin de la guerre, son unité se retira jusqu’à Prats-de-Mollo, dans les Pyrénées-Orientales, et de là, Benito est passé en France et a abouti au camp de concentration d’Agde, où régnaient la misère, la faim, les poux et la dysenterie. Lorsqu’on est venu leur demander s’ils voulaient s’enrôler dans la Légion étrangère de la France libre, Benito a répondu, pour sa part, positivement. On les conduisit à Oran et ensuite à l’oasis d’Ouargla, à 400 km dans le désert. Puis ils regagnèrent le sud de la France pour des combats et furent déplacés en Angleterre pour préparer l’invasion de la Norvège, prise par Hitler. Le 8 avril 1940, Britanniques et Français débarquent à Narvik, au cercle polaire arctique. La bataille fut un fiasco, aux dires de Panchamé. De retour à Plymouth, en Angleterre, Benito quitta la Légion pour s’enrôler dans la Number One Spanish Company. 8 Catalans et 5 Espagnols formaient les troupes d’élite, commandées par Benito Panchamé. Ils étaient payés par les Anglais et portaient leur uniforme. Ces troupes s’étaient entraînées durant 4 ans pour entrer en Espagne et renverser Franco, mais la mission n’arriva pas à son terme. Le nom de code de Benito était Roberto Pujol. Lors de ses sorties secrètes, il a sauté en parachute au-dessus du territoire français à partir des chasseurs bombardiers de la RAF. Le jour J, il a participé au débarquement de Normandie.
Il a eu l’honneur de connaître les deux grandes figures de la Seconde guerre mondiale, de Gaulle et Churchill. Au sujet du premier, il se plaisait à raconter cette anecdote. C’était dans le sud de la France, il vit de Gaulle s’approcher pour lui arranger le nœud de sa cravate. Paris était sur le point de tomber. Quant à Churchill, lorsqu’il vit Benito Panchamé à Plymouth, il lui tendit la main pour le remercier de l’aide qu’il avait apportée à son pays. C’était alors le début de la bataille d’Angleterre.
Après le débarquement, il est allé à Paris, où il a travaillé quelque temps.
15 ans plus tard, après avoir franchi la frontière à pied (il ne pouvait pas demander de passeport) et être passé par Figueres, il prit un bus jusqu’à Barcelone et arriva chez lui à Corbera d’Ebre. Sa classe venait d’être amnistiée. Sa mère, en le voyant, resta pétrifiée, accrochée au manche de son balai : elle le croyait mort. Benito alla ensuite au Venezuela, où il exerça la profession de représentant en bijouterie. Il se maria avec Julia, qui lui donna un fils, Esteban, architecte à Berlin.
Benito Panchamé a fini ses jours dans le quartier de Sants, à Barcelone.
Photo ci-contre : portrait de Benito Panchamé réalisé en 2012 lors d’une interview pour le journal La Vanguardia